COURS DE PHOTOGRAPHIE A L'USAGE DES AMATEURS ET DES CLUBS

P H S N

L'ECLAIREMENT ET L'EXPOSITION - 3

4 - LES LIMITES DE LA CELLULE

Pour parfaitement contrôler l'exposition de la photo, il est nécessaire de connaître le fonctionnement de la cellule. Et tout d'abord il convient de se pénétrer de cette idée que la cellule n'est qu'une machine stupide et incapable de reflexion. Et donc qu'elle ne fournira que les résultats correspondant à la manière dont ses concepteurs l'ont programmée.
A priori, le but recherché est d'obtenir, quelles que soient les conditions d'éclairement, une photo présentant des détails sur toute sa surface, donc un négatif qui ne soit ni trop clair (pour avoir des détails dans les ombres), ni trop foncé (pour avoir des détails dans les hautes lumières). Ce qui revient à dire que la cellule va donner des indications de réglage pour obtenir une image de valeur moyenne quelle que soit la lumière.

Cette valeur moyenne est définie comme un gris composé d'un certain pourcentage de blanc et de noir. Pour en donner une idée concrète, on peut imaginer la valeur de gris obtenue en dessinant sur une feuille blanche des points noirs uniformément répartis, et en l'observant à une distance telle que la surface paraisse unie. Plus les points noirs seront denses et plus le gris paraîtra foncé. Les valeurs de gris sont définies par le pourcentage de surface occupé par les points noirs sur l'ensemble. Le gris moyen retenu pour les calculs des cellules est le gris à 18% (soit 18% de noir et 82% de blanc), qui correspond à la moyenne des valeurs d'éclairement dans lesquelles nous vivons habituellement. Ce gris est sensiblement équivalent à la valeur de notre peau, tout au moins pour les individus "blancs".

Ce gris est matérialisé par des chartes de gris. Il s'agit de cartons gris teintés à la valeur exacte du gris à 18%, et qui sont ainsi commercialisés. On les utilise pour faire les mesures d'éclairement en lieu et place des modèles trop clairs ou trop foncés, lesquels seront ainsi rendus avec leurs valeurs exactes.

Et nous touchons là précisément aux limites de la confiance que nous pouvons accorder aux cellules : lorsque je fais une mesure, la cellule ignore si mon modèle est clair ou foncé ; elle va rendre par le même gris à 18 % la carnation ivoirine d'un top modèle suédoise et la peau sombre de sa collègue africaine, la robe blanche de la jeune mariée et la soutane du prêtre qui officie.

Expérience : en suivant rigoureusement les indications de la cellule, ou bien en mode automatique, photographier successivement, dans les mêmes exactes conditions d'éclairage, et PLEIN CADRE, c'est à dire en remplissant entièrement le champ de l'image, une feuille de papier BLANC, une charte de GRIS A 18% et une feuille de papier NOIR. Développer le film et comparer les trois clichés : ils sont strictement identiques.

La cellule a donc bien rendu dans les trois cas par la même valeur moyenne les trois sujets CLAIR, MOYEN et FONCE, alors que nous aurions évidemment souhaité traduire leur différence.

De même des paysages pris à l'aube, dans la pleine lumière de midi ou la nuit seront rendus par les mêmes valeurs moyennes indifférenciées.

Nous pouvons remédier à cet état de fait de deux manières. Si nous disposons d'une cellule à main et si c'est matériellement possible, en effectuant la mesure de lumière incidente. Ou bien en apportant une correction d'exposition en fonction de notre appréciation, donc de notre expérience. Une méthode efficace pour parer à l'incertitude liée à cette opération consiste à "braketter", c'est à dire à prendre plusieurs vues sous ou sur-exposées de 1 ou 2 diaphragmes autour de la valeur moyenne indiquée par la cellule.

Quelques conseils pratiques :

Pour rendre correctement quelques cas particuliers, vous devrez (par rapport aux indications de votre cellule ou de votre appareil ) :

sous-exposer les sujets foncés - la cellule sur-expose ce qui est foncé car elle reçoit peu de lumière et cherche à rendre un gris moyen.
surexposer les sujets clairs - pour la raison inverse

Attention toutefois à ne pas exagerer : vouloir rendre par un blanc trop éclatant la robe de la mariée ou le champ de neige peut conduire à brûler les hautes lumières et en supprimer les détails - il serait dommage de ne pas distinguer les dentelles de la robe ou les ondulations de la colline enneigée.

De même, pour réaliser des photos de nuit, on doit sous-exposer au moins de 1 diaphragme (voire 1 et demie ou 2) si l'on veut éviter une ambiance crépusculaire et obtenir une vraie impression nocturne.

Le dosage de toutes ces corrections ne peut s'évaluer que par la pratique, aussi je vous conseille de multiplier les essais et les expériences. Ceci vous permettra à la fois de bien connaître les possibilités de votre matériel et d'acquérir les automatismes indispensables pour ne pas louper la photo du siècle que nous rêvons tous de faire.

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