Nous avons évoqué dans la page précédente la notion de focale (ou distance focale) d'un objectif. Les appareils les plus simples sont munis d'un objectif fixe de focale invariable. Les compacts un peu plus sophistiqués sont équipés d'un zoom, et les appareils reflex ou télémétriques très haut de gamme d'objectifs interchangeables.
Nous allons expliquer les caractéristiques et l'usage des objectifs de différentes focales.
Notre œil fonctionne sur le même principe que la chambre noire, le cristallin est une lentille dont la distance focale correspond à peu près au diamètre du globe oculaire. L'image formée sur la rétine obéit aux mêmes règles géométriques que celle d'un appareil photo. L'œil perçoit l'environnement selon un cône de vision dont l'angle d'ouverture est d'environ 20 degrés sur l'axe vertical et 30 degrés sur l'axe horizontal . Tous les objets situés en dehors et près de ce cône apparaissent plus ou moins indistincts, et la qualité de leur perception est améliorée par les mouvements de l'œil et de la tête. En dehors de cet espace les objets ne sont plus perçus.
Ces caractéristiques physiques déterminent les paramètres de perspective de l'image vue. On considère que, pour qu'un objectif photo fournisse une image proche de celle perçue par l'œil, sa distance focale doit être voisine de la longueur de la diagonale de l'image.<
Pour que l'image photographique donne une impression proche de la vérité, si le cliché a été pris avec un objectif correspondant à ces critères, elle devrait être observée depuis une distance égale à sa diagonale. C'est ce que l'on appelle la distance orthoscopique.
Il va de soi qu'il est rare d'observer une photo dans ces conditions idéales : un cliché d'amateur tiré en 10 x 15 cm devrait être regardé à 18 cm : bien pour un myope mais un peu près pour une vision moyenne. Pour une photo de concours tirée en 18 x 27 cm la distance d'observation idéale est de 33 cm, de 50 cm pour un 30 x 40 et de 72 cm pour un 40 x 60 (à quelle distance regardons nous une photo quand nous visitons une exposition ?)
Heureusement, les informations reçues par l'œil sont interprétées par notre cerveau, qui rétablit ainsi une sorte de réalité subjective.
Il ne faut surtout pas lier cette notion à une quelconque qualité de l'image photographique. Bien au contraire, nombreux sont les photographes qui ont sciemment usé des déformations perspectives pour en tirer un effet plastique (je ne citerai ici que Jeanloup Sieff dont le style est caractérisé par l'usage du grand angle.)
Les exemples ci-dessous illustrent les effets créés par l'usage de différentes focales.
Les appareils argentiques courants utilisent le format 24x36 mm dont la diagonale mesure 43,3 mm. La focale la plus courante utilisée sur ces appareils est 50 mm, très voisine de la "normale".
Les objectifs de focale plus courte vont produire une image plus large, avec une accentuation de l'effet de perspective sur les bords. Nous les appellerons "objectifs grand-angle".
Inversement les objectifs de focale plus longue, appelés abusivement "téléobjectifs" vont restreindre le champ et donner un effet de rapprochement ou de grossissement. Normalement le terme de "téléobjectif" ne devrait s'appliquer qu'à des objectifs construits selon une formule optique particulière semblable à celle de la longue-vue.
Super grand-angle | Grand-angulaires | Focales normales | Longues focales | Très longues focales | |||||||||
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15 mm | 17 mm | 20 mm | 24 mm | 28 mm | 35 mm | 50 mm | 70 mm | 90 mm | 100 mm | 135 mm | 180 mm | 200 mm | 300 mm et + |
Dans la pratique, on va tout d'abord utiliser les différentes focales pour adapter la taille du sujet photographié en fonction de la distance de prise de vue : une courte focale permet d'embrasser un large paysage ou un groupe de personnes en intérieur alors que l'on manque de recul ; et une longue focale sera employée pour photographier un sujet éloigné en le grossissant.
Mais le changement d'objectif permet bien d'autres effets, notamment de modifier la perspective et la profondeur de champ.
Un même sujet, l'Arc de Triomphe, a été photographié depuis des points de vue de plus en plus rapprochés, tout en cherchant à lui conserver sensiblement la même importance dans l'image.
Les objectifs ZOOM permettent de faire varier la focale, par le truchement d'un équipage mobile de lentilles. Longtemps méprisés par les professionnels et les amateurs avertis, les progrès réalisés depuis deux décennies leur permettent de rivaliser avec les optiques traditionnelles. Pratiquement les plus courants aujourd'hui, et très utiles en reportage et en voyage, ils compensent une légère perte des qualités optiques et de luminosité (ouverture maximum) par rapport aux objectifs de focale fixe, par la commodité d'emploi et l'avantage de n'avoir à transporter qu'un ou deux objectifs pour couvrir tous les cadrages courants. Certains zooms professionnels sont aussi lumineux que les focales fixes, mais pour une taille, un poids et surtout un prix difficilement accessibles à la majorité des amateurs.
La plupart des compacts (argentiques ou numériques) sont maintenant équipés de zooms.
A noter : Sur la plupart des zooms pour amateurs, l'ouverture varie en fonction du réglage de la focale : aux courtes focales l'ouverture est plus grande qu'en position téléobjectif. Seuls les objectifs haut de gamme échappent à cet inconvénient (Zooms à ouverture constante).
Autre remarque (ne concerne que les appareils compacts numériques) : Le zoom numérique n'est rien d'autre qu'un argument commercial destiné à faire croire à des performances imaginaires de ces sortes d'appareils. Seul le zoom optique permet de faire varier les dimensions de l'image sans dégradation de la qualité. Le résultat de l'utilisation du zoom numérique ne correspond à rien d'autre qu'à un recadrage, donc avec une perte définitive de la définition.