COURS DE PHOTOGRAPHIE A L'USAGE DES AMATEURS ET DES CLUBS

P H S N

LA MACROPHOTOGRAPHIE

LA PHOTO DES PETITS OBJETS

1 - OBJET ET DEFINITION DE LA MACROPHOTOGRAPHIE

Les objectifs courants utilisés sur nos appareils permettent généralement la prise de vue d'objets situés entre l'infini et une distance minimale de quelques décimètres (de 40cm à 1m pour un objectif 50 mm standard). A cette distance minimum, 40 cm par exemple, la surface du négatif, 24 x 36 mm, pourra “contenir” un objet de 17 x 25 cm environ, et ce avec un rapport de reproduction de 1/7 (c'est à dire le rapport entre la taille de l'image, film négatif ou diapo, et la taille de l'objet). Pour photographier des objets plus petits, il sera nécessaire d'utiliser des techniques particulières. Il est d'usage de parler de “photo rapprochée” pour les prises de vue effectuées entre les rapports 1/10 et 1/2, et de macrophotographie pour les grandissements supérieurs.

2 - RAPPEL DES LOIS DE L'OPTIQUE PHOTOGRAPHIQUE

La mise au point d'un objectif s'effectue soit en réglant la distance qui sépare l'objectif du plan du film, soit en modifiant la focale de l'objectif par déplacement de la lentille frontale, en fonction de la distance existant entre le sujet et l'appareil. En supposant que l'objectif est réduit à une lentille simple et sans épaisseur, si l'on désigne par :

  f : la focale de l'objectif,

  p : la distance séparant l'objectif du sujet photographié,

  p' : la distance entre l'objectif et le plan du film,

eq1la mise au point sera effectuée lorsque l'équation suivante sera vérifiée :

d'où l'on peut calculer   eq2

le rapport de grandissement étant égal à   eq3

3 - MOYENS PRATIQUES à mettre en œuvre pour la photo rapprochée

Pour effectuer une mise au point sur une distance plus courte que ne le permet un objectif donné, il existe deux moyens différents : utiliser une ou des lentilles additionnelles pour modifier (réduire) la focale de l'objectif, ou augmenter le tirage en interposant un tube entre l'objectif et l'appareil. Ce dernier procédé ne peut évidemment s'utiliser que sur un boîtier à objectifs interchangeables, alors que les lentilles additionnelles sont adaptables sur tous les types d'appareils.

Les lentilles additionnelles :

bonnette

Elles se fixent devant l'objectif, et conservent tous les automatismes du boîtier. Elles ne changent pas la valeur relative du diaphragme. C'est un procédé pratique, économique et léger, mais limité en puissance ; il est déconseillé d'utiliser plus de deux ou trois lentilles à la fois, pour limiter les aberrations de sphéricité et les réflexions multiples sur les interfaces air/verre.

Comment agissent-elles ? Elles raccourcissent la focale de l'objectif, donc permettent une mise au point plus rapprochée - et un grandissement plus important - pour un tirage donné.

Exemple : avec l'objectif standard de 50 mm, mise au point mini = 40 cm, rapport de grandissement 1/7, donne une image de 24 x 36 mm d'un objet de 16,8 x 25,2 cm.   

Avec une lentille de 1 dioptrie, on pourra mettre au point à 28,7 cm et cadrer dans le format 24 x 36 mm un objet de 12,1 x 18,1 cm au rapport de 1/5.   

Avec des lentilles totalisant 6 dioptries, on atteindra le rapport de 1/2 en mettant au point à 11,6 cm sur un objet de 4,8 x 7,2 cm.

L'augmentation du tirage :

Pour obtenir des performances supérieures, il faut abandonner les lentilles et augmenter le tirage de l'objectif, c'est à dire l'éloigner du plan du film. Ceci n'est possible qu'avec des boitiers à objectif interchangeable, et seul un appareil reflex permet de travailler confortablement.

bagues    soufflet1

On utilise des jeux de bagues et de tubes allonge qui s'intercalent entre le boîtier et l'objectif, ou bien un soufflet extensible. Ces moyens provoquent une perte de luminosité et nécessitent une correction de l'exposition si l'on n'opère pas en mesure TTL. Le temps de pose sera multiplié par un coefficient C  déterminé en fonction du grandissement G  de l'image : C=(G+1)2 . On aura donc souvent intérêt à utiliser une émulsion sensible, type 400 ISO.

soufflet    objectif ciné

Pour obtenir le rapport 1 (image de même taille que l'objet), il faut augmenter le tirage d'une valeur égale à la focale. Avec notre objectif de 50 mm, on utilisera donc un tube allonge de 50 mm pour photographier à 10 cm un objet de 24 x 36 mm.

Dans ces conditions, le diaphragme relatif sera réduit de deux divisions par rapport à la valeur indiquée sur la bague de réglage, on devra donc multiplier le temps de pose par 4.

A partir du rapport 1, beaucoup d'objectifs donnent de meilleurs résultats en position inversée (bagues d'inversion).

La difficulté majeure de ce travail réside dans la profondeur de champ extrêmement faible : à titre indicatif, et pour un diaphragme de f 16, le tableau suivant donne les profondeurs de champ en millimètres pour différentes échelles de reproduction :

Echelle 1/10 1/5 1/3 1/2 1 1,6/1 2/1 4/1 10/1
p.d.c en mm 106 28 11,8 5,7 1,9 0,96 0,72 0,31 0,11

On ne peut pas diaphragmer exagérément sous peine de provoquer un phénomène de diffraction. En outre la luminosité dans le viseur est très réduite, d'où difficultés de cadrage.

Dans ces conditions, il est souvent illusoire de vouloir travailler à main levée ; pour les prises de vues dans la nature, le moindre vent est un obstacle insurmontable.

ANNEXE : le calculateur de profondeur de champ

Il vous permettra de calculer la distance hyperfocale et la profondeur de champ, et les corrections à apporter au diaphragme affiché et au temps de pose (pour les boitiers non TTL)

Cliquez ici pour l'ouvrir

Conseils pratiques et trucs divers :

Objectifs utilisables : à défaut d'un objectif spécialisé “macro”, tous peuvent faire l'affaire, de 35 à 200 mm de focale. Les courtes focales grossissent davantage pour la même augmentation de tirage, mais obligent à se rapprocher du sujet, d'où difficultés avec les animaux. Un télé de 200 sur un soufflet permet de réaliser de bons clichés de papillons.

Pour photographier avec de très forts grossissements (au delà de 10/1), on peut utiliser en position inversée des objectifs de prise de vue ciné (pour caméras au format double 8 ou super 8). Un objectif de 12,5 mm, monté sur un soufflet, donne un grandissement de 20/1 pour un tirage de 260 mm environ.

L'éclairage au flash :

Il donne d'excellents résultats, mais il est délicat à maîtriser à de courtes distances. Un calcul précis de l'ouverture est indispensable, pour tenir compte, d'une part de la forte illumination du sujet provoquée par la proximité de la source, même avec un flash peu puissant : l'éclairement est QUADRUPLE chaque fois que la distance entre la source et l'objet est réduite de moitié.

soufflet2 En contrepartie, le diaphragme relatif va se trouver modifié par l'allongement du tirage (voir ci-dessus)

Les flashes incorporés aux boîtiers sont pratiquement inutilisables, soit parce que leur angle d'éclairage ne couvre pas le sujet s'il est trop près, ou parce que celui-ci se trouve dans le cône d'ombre de l'objectif (voir figure), ou encore parce que les automatismes de calcul ne sont pas paramétrés pour les conditions extrêmes. De toute façon,  la position de la source dans l'axe de l'objectif donne un éclairage directionnel mais symétrique, banal et sans relief.

Les flashes externes, type “cobra” ou torches, sont utilisables, de préférence en les montant à quelque distance de l'appareil, latéralement et au-dessus, pour obtenir des ombres obliques. Leur nombre guide élevé fournit à courte distance un éclairement comparable à celui des meilleurs flashes de studio dans les conditions de prise de vues classiques, et permet de diaphragmer très fortement. Mais en contrepartie, il créé des ombres dures, que l'on devra compenser soit par l'emploi d'une seconde source, ou d'un réflecteur. On peut aussi régler manuellement la puissance de certaines torches. L'utilisation d'un flashmètre est quasi indispensable.

Il existe également des flashes spécialement dédiés à la macrophotographie. Ces flashes, de faible puissance et de forme annulaire, se fixent sur l'objectif et fournissent un éclairage frontal parfaitement réparti, auquel on peut reprocher l'absence d'ombres. Mais dans ce type de photos ce reproche devient mineur, et se trouve compensé par la forte chute d'éclairement en profondeur qui restitue le relief.

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