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J'ai noté ici mes impressions à propos de quelques usages et coutumes de la vie quotidienne en Russie. Cette description est loin d'être exhaustive, et mon témoignage ne prétend pas à l'objectivité. Je prie mes lecteurs, notamment russes, de ne pas rechercher ici un jugement ou une appréciation, mais seulement le gage de l'intérêt et de l'amitié que je porte à ce pays.
Habituellement, le petit déjeuner est très copieux. Il débute souvent par la kasha, c'est une bouillie de céréales (sarrazin, ou millet, et lait de chèvre ou de vache) cuite toute la nuit très doucement dans le petch (le four du poële russe). On peut y ajouter de la crème fermentée, ou du fromage blanc, ou encore de la confiture. La boisson traditionnelle est le thé, préparé très fort et allongé d'eau chaude. Pour ce faire, la bouilloire électrique remplace souvent le traditionnel samovar, quoique maintenant celui-ci soit, lui aussi, chauffé par une résistance.
On complète ce petit déjeuner par du lait fermenté, des tartines ou des olad'i (petites crêpes très épaisses), parfois du fromage ; les confitures ou compotes garnissent toujours la table.
Le samovar et le thé
Le déjeuner vient souvent assez tard, en fonction de l'emploi du temps de la matinée. Il peut commencer par une soupe ou bortsch, chaude ou froide, à base de légumes coupés en dés où dominent les betteraves rouges qui colorent vivement le liquide, cornichons, carottes, pommes de terre, oignons, choux, herbes et épices. Il y aura ensuite un plat de résistance, viande et légumes ou céréales, ou bien des pirajki qui sont des petits pâtés fourrés de chou ou de viande.
La table est garnie de tous les mets prévus pour le menu, à l'exception de ceux qui sont gardés au chaud. Chacun se sert selon son envie. A l'exception de la vodka, que l'on boit selon un rite précis en portant des tosts, on boit peu à table. Enfin il n'est pas d'usage de terminer le repas par les fromages et desserts, mais par du thé accompagné de petits gâteaux, de cornichons frais et accompagnés de miel (inattendu, mais excellent !), de confitures, confiseries et chocolats.
Le bain russe, comme la sauna finlandaise dont il est très proche, est une tradition encore bien vivace. Dans les campagnes où n'existe pas l'eau courante, il reste le moyen habituel de pratiquer l'hygiène corporelle. Et dans les villes, les bains publics sont encore très fréquentés.
La bagnia, c'est tout d'abord
une petite construction (de bois évidemment) établie à
l'écart de l'habitation. Une petite pièce sert d'entrée
et de vestiaire, et donne accés au bain proprement dit. Dans l'entrée, se trouvent un banc, une petite table, des patères au mur. Il peut aussi s'y trouver une lave-linge et des fls d'étendage, ou un autre équipement ménager en rapport avec la propreté.
En entrant dans la pièce du bain proprement dite, on est surpris par
l'ambiance sombre et enfumée. Le plafond est bas, le seul éclairage naturel provient d'une petite fenêtre placée à cinquante centimètres du sol, et les parois, murs et plafond, sont recouverts de suie. Dans un angle près de la porte se trouve le foyer surmonté d'un tas de gros galets, et dont un côté est formé par un réservoir en tôle, qui doit contenir une centaine de litres d'eau chaude. Il y a une cheminée au dessus du foyer, mais la fumée traverse la pièce avant de l'atteindre. Les deux autres côtés sont meublés de bancs, dont un surélevé pour s'allonger. Des seaux d'eau froide et plusieurs cuvettes sont placés sur les bancs. Il y a aussi des faisceaux de branches de bouleau ou de plantes odoriférantes, que l'on pourra tremper dans l'eau chaude et utiliser pour se fustiger. Le sol est en bois, et l'eau peut s'évacuer directement vers la terre entre les planches juxtaposées.
La bagnia
Si l'on respecte la coutume rurale, le samedi est le jour du bain. Ce jour là, dès le petit matin, au dessus de la bagna de chaque maison une fumée s'élève. Deux ou trois heures plus tard, quand le foyer a bien chauffé la pièce, on voit des couples se diriger, serviettes sur le bras, vers leurs bagnas respectives.
Pour que tout soit prêt, il faut encore puiser dans la source voisine deux seaux d'eau froide (7°C) que l'on laisse dehors devant la porte, et disposer sur la table du vestiaire des verres et une (ou des) boissons fraîches, bière, kvass ou jus de fruits.
Nous pouvons alors aller prendre notre premier bain russe. Après nous être dévêtus dans le vestiaire, nous entrons dans la bagna surchauffée. Nous restons assis un moment, en jetant de temps en temps une casserole d'eau sur les pierres pour provoquer une vapeur abondante qui rend l'atmosphère encore plus étouffante. Au bout de dix minutes, nous avons tellement transpiré que nous avons l'impression d'avoir perdu tous nos kilos superflus ! Nous mélangeons eau chaude et froide et pouvons alors faire une grande toilette. Le principe de la douche est simple, on verse des casseroles d'eau sur la tête de son (ou sa) partenaire. Si l'on a trop chaud on entrouvre la porte, ou on va boire un verre de kvass dans l'entrée et on revient transpirer encore un peu.
Après ce nettoyage en profondeur, c'est un plaisir extraordinaire que de sortir et se doucher dans la nature avec de grandes casseroles d'eau froide. Et c'est presque à regret que l'on doit se rhabiller et rejoindre le reste de la famille, le visage encore congestionné par la chaleur.
Nous partageons avec nos hôtes le goût de la
nature et de la randonnée. Aussi c'est avec plaisir que nous les accompagnons pour de grandes ballades en forêt, et de fructueuses cueillettes de champignons. Malheureusement la saison n'a pas été propice aux myrtilles et aux airelles, et en ce mois d'août c'est encore trop tôt pour les canneberges qui font de si bonnes confitures.
Il y
a près de la datcha un verger avec des pommiers. Nous préparons
des compotes, et aussi des pommes en fines lamelles pour les faire sécher.
Entre les promenades, les baignades dans les lacs voisins et les occupations rurales ou ménagères nous ne voyons guère le temps passer. C'est décidé, samedi nous irons à Mikhaïlovskoie, visiter le domaine musée d'Alexandre Pouchkine.
Pour cette excursion Sasha doit prêter sa voiture à Nicolas. Ceci va être encore une occasion pour nous de nous étonner des tracasseries bureaucratiques qui persistent quinze ans après la perestroïka. Il faut en effet que Sasha établisse une autorisation manuscrite, selon un modèle bien précis, pour déclarer qu'il prête sa voiture, avec toutes les précisions concernant la date, le conducteur, peut être même le trajet (je n'ai pas osé demander tous les détails ...)